Coutellerie d'art MOF et EPV

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Jean-Paul Tisseyre est un des meilleur artisan coutelier français. Rare parmis les couteliers en France sont ceux à avoir obtenu le titre de Meilleur Ouvrier de France et le diplôme Entreprise du Patrimoine Vivant. Après avoir participé aux plus prestigieux salons internationaux de coutellerie d'Art et côtoyé les meilleurs couteliers du monde ou il obtient à chaque exposition de nombreux prix du plus beau ou meilleur couteau. Il est au fil des ans devenu l’un des meilleur coutelier de France mondialement reconnu des collectionneurs de couteaux.

 

Jean-Paul TISSEYRE
Artisan coutelier d'Art
Titre  « Un des Meilleurs Ouvriers de France »
Label « Entreprise du Patrimoine Vivant »

Mes diplômes, titres et prix :

Coutelier récompensé plusieurs fois pour l'excellence du savoir-faire métier coutellerie lors de salons internationaux (compétition parmi les meilleurs couteliers du monde) :

  • 2015 : Renouvellement du label Entreprise du Patrimoine vivant (EPV), diplôme d'état (France)
  • 2010 : Label Entreprise du Patrimoine vivant (EPV), diplôme d'état (France)
  • 2007 : Titre de Un des Meilleurs Ouvriers de France (MOF), diplôme d'état (France)
  • 2005 : 1° prix concours SEMA départemental Ariège-Pyrénées (France)
  • 2004 : 1° prix concours au salon international du couteau d'art Coutelias à Thiers (France)
  • 2004 : 1° prix au SICAC, salon international du couteau d'art à Paris (France)
  • 2003 : Distinction titre de "Maestro" délivré par la guilde Italienne de coutellerie, salon de Milan (Italie)
  • 2003 : 2° prix concours au salon international du couteau d'art Coutelias à Thiers (France)
  • 1979 : CAP-BEP mécanicien tourneur, fraiseur, ajusteur.

Après avoir obtenu chaque année des prix sur des salons internationaux regroupant les meilleurs couteliers du monde en réalisant à chaque fois des couteaux plus innovants d’une haute technicité et finition. Mr Jacques L, grand collectionneur de couteaux et amateur du beau travail lui suggéra en 2005 de présenter le concours de « Un des Meilleurs Ouvriers de France ». Jean-Paul pensa que c’était une plaisanterie car ayant commencé à réaliser des couteaux en 1999 et créé son entreprise de coutellerie d’art  enregistrée à la Maison des Artistes en 2000, il ne pris pas cette remarque au sérieux. De plus, Jean-Paul n’avait pas fais de formation ni stage en coutellerie, totalement autodidacte. Mais Mr JL insista alla même jusqu'à téléphoner à son épouse Martine lui demandant d’insister auprès de son mari et surtout de lui faire prendre conscience de son talent et confiance en lui car pour Mr JL c’était un surdoué, un des tout meilleur coutelier Français et même du monde.

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  •  Mai 2003 : 2° prix concours au salon international du couteau d'art à Thiers (France)

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  • Mai 2004 : 1° prix concours au salon international du couteau d'art à Thiers (France)

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  • Mai 2004 : 1° prix au SICAC, salon international du couteau d'art à Paris (France)

Jean-Paul s’inscrit alors au XXIII° concours de « Un des Meilleurs Ouvriers de France » en 2006 et l’aventure commence. Après un an de travail acharné il obtient en 2007 le titre tant convoité de Meilleur Ouvrier de France en coutellerie spécialité : fabricant de couteaux de chasse, sa grande passion. Ensuite s’enchainent les invitations prestigieuses à la Sorbonne puis au Palais de l’Elysée en présence du Président de la République Mr Nicolas Sarkosy. Jean-Paul ne pensai pas qu’a 14 ans lorsqu’il fit son premier couteau cette passion l’emmènerai jusque là, devenir meilleur coutelier de France. Aujourd’hui lorsqu’il raconte son parcours atypique à ses confrères MOF tous sont surpris par cette rapidité de progression, de maîtrise. Normalement le titre de Meilleur Ouvrier de France est l’aboutissement d’un long apprentissage après le passage chez plusieurs  maîtres couteliers ou compagnons du tour de France.

Le label d’état « Entreprise du Patrimoine Vivant » est également une belle récompense, la reconnaissance de son savoir-faire rare. C’est vrai que lorsque l’on n’est pas forgeron et que l’on n’a pas fait d’apprentissage beaucoup de monde ne prenait pas au sérieux son travail sa technique pour fabriquer des couteaux. Le label Entreprise du Patrimoine Vivant positionne son travail d’excellence, il est reconnu parmi les meilleurs couteliers du monde. Ce label d’état  décerné par le ministre de l’industrie est un gage de qualité, d’un savoir faire artisanal Français rare, il facilite sa transmission. Le label EPV est attribué sur dossier pour une période de cinq ans renouvelable. Couteaux Tisseyre l’a obtenu en 2010, il lui à été renouvelé en 2015, ses couteaux sont reconnus par les collectionneurs du monde entier.

Les premières années m’ont permise de m’étalonner, de me démarquer de mes confrères couteliers. L’invention de mécanismes de couteau pliants et autres innovations comme le couteau à secret sommelier avec tire-bouchon dissimulé, couteau primé au salon international de Paris m’ont fait connaitre. Les magazines spécialisés tels Excalibur ou La passion des couteaux en parleront par l’intermédiaire d’articles élogieux de Mr Jean-Jacques Pietraru, François-xavier Salle ou Francis Anglade. Ce dernier , membre de la guilde Italienne de coutellerie, invite Jean-Paul au salon de Milan et est élevé au titre de Maestro.
Par la suite, Jean-paul est invité à des expositions privées comme la soirée de gala des toques blanches françaises au grand palais à Paris, au salon de la chasse de Rambouillet et d’Armeville à Saint-Etienne, capitale de l’armurerie française pour des  démonstrations de travail avec l’association des Meilleurs Ouvriers de France.
C’est l’introduction dans le milieu de la chasse, des articles dans les revues Plaisir de la chasse, bécasse passion, Le chasseur de sanglier ainsi que Le chasseur de bécasse qui parleront des beaux couteaux de chasse Jean-Paul Tisseyre.  
Il expose également ses couteaux au salon prestigieux Top Marques de Shanghai en Chine, le salon des marques les plus luxueuses du monde par l’intermédiaire d’une société française spécialisée dans la vente d’œuvre d’art.

Fort de toute cette expérience très enrichissante humainement, Jean-Paul décide en 2008 d’arrêter sa participation aux salons et se lance le défit de faire venir dans son atelier de coutellerie à La Bastide sur l’Hers en Ariège cette clientèle nationale et internationale d’amateurs de couteaux haut de gamme utilitaires ou de collection. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le pari est gagné, Jean-Paul peut vivre pleinement de son art et prendre du temps pour son autre passion, la chasse à la bécasse, un luxe. Il est le plus heureux des hommes.

Photo MOF Paris

  •  Remise des médailles au Palais de l'Elysée XXIII° concours "Un des Meilleurs Ouvriers de France". Pierre Courty, Jean-Paul Tisseyre, Jean-Pierre Suchéras, Jean-Michel Cayron.

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  •  Exposition privée invitation de Dominique Urchoeguia à La Civette 3 rue Léon Gambetta Saint-Jean-de-Luz (France).

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  •  Salon de la chasse de Rambouillet (France) René Juyon MOF armurier, Aimé Jacquet, Jean-Paul Tisseyre MOF coutelier, Marc Fabre MOF graveur.

Le monde fermé des couteliers

Le milieu de la fine coutellerie est très fermé, il faut se faire sa place, jouer des coudes pour se faire accepter et entrer dans la cour des grands. J’ai eu la chance dans mon parcours de côtoyer de grands noms de la coutellerie mondiale tels : Charles Roulin (Suisse), Gaetan Beauchamp (Canada), Francesco Pachi (Italie) Santino Balestra (Italie), Friedrish Shneider (Allemagne), Koji Hara (Japon), Ron Lake (Etats-Unis), Pierre Reverdy (France)… Ainsi que des confrères couteliers Meilleurs Ouvriers de France : Robert Beillonnet, Jean-Pierre Suchéras, Jean Michel Cayron, Pascal Graveline, Jérome Lamic, Henri Vialon, Pascal Renoux, Cyrille Manelphe, Virgilio Munoz, Gérard Goncalves, Emile Drouhin. Il en est un à qui je dois beaucoup, il m’a fait prendre conscience de mon potentiel et je le remercie profondément c’est Charles Bennica coutelier de renom mondialement connu. Il m’a invité chez lui à mes touts débuts m’a encouragé dans mon travail et m’a proposé de me prendre une place au SICAC le salon international de Paris en 2000, ce fut le début d’une belle aventure.

Le label Entreprise du Patrimoine vivant (EPV) :

Label d’état créé en 2005 attribué aux entreprises artisanales et industrielles françaises détenant un savoir faire d’excellence reposant sur une technique traditionnelle ancestrale ou une haute technologie innovante qui valorisent un territoire.
Ce label est décerné par le ministre de l’Économie et de l'Industrie pour une période de cinq ans, renouvelable sur demande.
L’attribution de ce label souligne le travail de qualité engagé par l’entreprise Couteaux Tisseyre tant sur l’attention apportée à la réalisation de ces couteaux, du service après vente ainsi qu’à l’accueil et aux conseils personnalisés dont chaque client bénéficiera.
L’entreprise est reconnue dans le monde entier pour la qualité des couteaux qu’elle réalise, ses innovations techniques qui nécessitent un matériel spécifique pour permettre la réaliser d’usinages précis. Une finition manuelle, minutieuse et soignée garanti la qualité de chaque couteau mis à la vente en ligne ou à la boutique.
Les couteaux traditionnels relèvent d’un savoir-faire ancestral transmis de génération à générations dans les Pyrénées Ariégeoises que l’entreprise s’efforce de perpétuer.

Présentation des oeuvres primées au Concours Un des meilleurs Ouvriers de France - Coutelier.

Ce titre d'excellence est pour moi merveilleux car inaccessible pour un petit garçon, amoureux de belles lames, par passion puis pas nécessité, autodidacte, au fil des ans se faire respecter pour arriver aujourd’hui à imposer sa technique et son style au plus prestigieux jurys..


coffret-mofOeuvres MOF : Couteaux primés au XXIII° concours "Un des Meilleurs Ouvriers de France" en 2007, option couteaux de chasse.
Un défi personnel, une grande motivation, beaucoup de labeur et de sacrifice au final, quel bonheur, quelle satisfaction mais surtout la reconnaissance de son travail.
Je souhaite à toute personne de vivre de pareils moments.
"Je suis persuadé que chacun de nous est doué pour quelque chose, hélas nous n'avons qu'une vie pour le découvrir" Tjp
L'idée de la dague : le dessin de la dague reflète la recherche artistique donnée à cette arme.
Le choix des matériaux, buffle pour le manche et acier RWL34 fini avec un tiré en long très fin, souligne sa sobriété.
L'insertion finale de buffle sur les extrémités du manche apporte une touche de fantaisie.
Couteau fixe longueur 32 cm ; lame de 18.5 cm
dague mof
pliant chasse MOFL'idée du couteau libre : le couteau réalisé répond aux attentes des chasseurs sur le terrain ; mon expérience de chasseur m'a en effet guidé dans l'élaboration de chacun des accessoires. Le manche ergonomique sécurise le couteau dans toutes ses utilisations.
Ce couteau technique, compact (16.5 mm d'épaisseur) est habillé en fibre de carbone, matériau léger, stable, résistant et insensible aux intempéries.
Le couteau présente une grande lame centrale de 12,5 cm à cran d'arrêt (une proéminence sur l'arrière du manche permet de loger la pointe lame fermée). Sur l'arrière les lames casse-croûte et scie sont bloquées par un système centralisé, un ressort unique fait fonctionner ces trois lames. Un crochet à éviscérer, un deuxième pour vider le gibier à plume, servant également de dégorgeoir pour le pécheur sont disposés sur le dos du couteau.
Couteau fermant libre ; multi-lames 5 pièces.
L'idée du couteau multi-lames : le couteau multi-pièces, utilitaire et sobre, allie efficacité de l'outil et élégance.
Couteau fermé, seule la grande lame dépasse du manche. Les autres pièces, entièrement intégrées, ne présentent aucune parties en saillie, pour une prise en main confortable.
Pour l'habillage de ce couteau, l'ivoire d'éléphant, matériau solide et noble.
Le couteau dispose à l'avant d'une lame principale de 12,5 cm à cran d'arrêt, à l'arrière d'une lame à éviscérer et d'une scie équipées d'un système de blocage intégré dans le talon; sur le dos sont placés un tire-bouchon à vrilles progressives, un accessoire pour extraire les douilles mal éjectées ou coincées dans le canon.
Couteau fermant imposé 15 cm fermé ; multi-lames 5 pièces
pliant ivoire mof

La Cité des couteliers de Thiers organise cette année une exposition sur les couteliers Meilleurs Ouvriers de France de la région du Puys de Dôme du 19 mai 2023 au  20 mai 2024. J’ai l’honneur d’être invité à cette prestigieuse vitrine de l’excellence du  savoir-faire coutelier Français et remercie les organisateurs pour ce geste d’ouverture.


Je profite de cette opportunité pour vous  livrer tous mes secrets sur mes couteaux primés au XXIII° concours de «Un des  Meilleur Ouvrier de France », mon cheminement et tous les périples survenus. La préparation du concours  MOF commence par la recherche des idées, la réflexion sur leurs développements, faisabilités et mises en pratique.  Pour réaliser des couteaux aussi complexes, Il y a forcément beaucoup de problèmes à résoudre. C’est mon grand défi, surtout qu’auparavant j’avais certes réalisé des couteaux complexes et innovants mais jamais de couteaux multi-lames.


La réflexion et fabrication :

Jamais je n’aurai eu la prétention d’avoir le niveau pour m’inscrire au concours de MOF, ce titre est souvent le couronnement de nombreuses années d’apprentissage et partagé l’expérience de professionnels chevronnés. Pour ma part, rien de tout cela, juste un diplôme BEP mécanicien ajusteur, un esprit logique, intuitif et surtout des mains habiles. C’est la rencontre d’un client passionné de beaux couteaux et très attaché aux valeurs humaines. Mr Jacques Leymarie s’intéressait à mon travail dès mes débuts. Il me commandait chaque année des couteaux de plus en plus complexes à tel point qu’à la réception du denier,  il m’a appelé pour me féliciter de mon travail et m’a suggéré de songer à m’inscrire au prochain concours de Un des Meilleurs Ouvriers de France car ce dernier couteau réalisé était du niveau MOF. Venant de lui, j’ai pris cette remarque au sérieux surtout qu’entre temps il avait téléphoné à mon épouse pour l’inciter à m’encourager dans ce sens car pour lui j’étais le coutelier le plus doué de ma génération.

  Une année de travail est nécessaire à la préparation et fabrication des Œuvres. Dans la classe fabriquant de couteaux de chasse, il était demandé de réaliser un couteau fixe montage plat de semelle, un couteau pliant multi-lames de 15cm fermé avec une lame principale à cran d’arrêt, une lame à éviscérer,  une lame scie et un tire-bouchon. Ce couteau doit être également réalisé non monté afin de voir sa conception. Pour terminer, un troisième couteau pliant multi-lames libre d’inspiration mais avec des difficultés de fabrication. Le cahier des charges est assez évasif mais laisse au moins la place à la créativité ce qui est très important car cette note a un coefficient  très important lors du jugement des œuvres. J’ai réalisé plusieurs fois les trois couteaux dans ma tête, à chaque problème j’apportai ma solution et lorsque je suis arrivé virtuellement au bout du travail, je me suis mis à l’établi pour cette fois fabriquer physiquement les trois couteaux. Tout c’est déroulé parfaitement comme dans ma réflexion. Satisfait de mon travail, il m’a paru nécessaire de confectionner un coffret en noyer massif pour présenter les trois pièces, un double fond étant prévu pour le quatrième couteau en cours de fabrication et le rangement du dossier. Et ce dossier quelle histoire ! Décrire mes idées, le choix des matériaux, l’usage des lames et accessoires et la technique de fabrication pour moi rien de bien spécial, tout était naturel, énuméré en moins d’une page. C’est là que ma belle sœur Lisette est intervenue, ayant  l’habitude des dossiers, elle m’a questionné, chaque détails des couteaux comptent, pourquoi j’avais fait ainsi… et c’est là que je me suis vraiment rendu compte à quel point j’avais poussé la difficulté et réalisé trois couteaux exceptionnels et innovants. Mais le plus surprenant est qu’après avoir réalisé les trois couteaux, le coffret et terminé de rédiger un dossier en béton, je me suis aperçu qu’il manquait quelque chose d’important : les plans des couteaux. J’ai alors réalisé les dessins, côté chaque dimension, pris les photos et les ai insérées dans le dossier.

L’acheminement des œuvres :

Là aussi, quel parcours du combattant, à défaut de commissaire départemental du COET en Ariège c’est le président de la chambre des métiers qui doit assurer l’accompagnement du candidat et au final, l’acheminement des œuvres. Madame la présidente de l’époque ne s’en souciait guère. J’ai donc pris en dernier recours un billet de train, ma valise et mon béret et me voila monté à la capitale pour remettre mes œuvres de concours au Ministère de l’Education Nationale rue Descartes à Paris. Heureusement accompagné par Lisette car elle fut témoin des périples qui ont suivi car si j’avais été seul, personne ne m’aurait cru. Enfin à 16h55 nous arrivons devant la porte de service en charge de réceptionner les œuvres, il faut savoir qu’a 17h tout les bureaux ferment et comme c’était le dernier jour, pour 5 minutes de retard,  il m’aurait fallu attendre quatre années avant de pouvoir candidater pour le concours suivant. Quel soulagement !

La reconnaissance :

Bien sur quel contentement d’avoir décroché ce titre si honorifique et convoité de « Un des Meilleurs Ouvriers de France ».  Le petit coutelier inconnu du fond de l’Ariège venait de se faire un nom et une place dans la cours des grands, il a réussi à imposer sa technique et son style au plus prestigieux jury. Cependant, ma plus grande satisfaction fut l’appel de Mr Pierre Courty (président du jury de la classe coutellerie) m’invitant à participer au prochain jury pour l’évaluation des couteaux du XXIV° concours de MOF en 2011 qui se déroulerait à Thiers, capitale française de la coutellerie. Il m’a fait remarquer que j’avais, par ma technique, ouvert une nouvelle voie dans la fabrication des couteaux, mon expertise serait donc grandement appréciée. Venu de la part de Mr Courty, qu’elle belle reconnaissance de mon savoir-faire ! Lui qui m’a dit un jour en découvrant mon couteau à secret avec tire-bouchon invisible primé au salon de Thiers Coutellia en 2004 puis au Salon International du couteau d’art à Paris en 2005 : « c’est un beau couteau mais ce n’est pas un travail de coutelier, la coutellerie c’est de faire travailler deux lames sur un même ressort ». Alors, lorsque j’ai réfléchi à la réalisation du couteau libre, je me suis inspiré de cette remarque et relevé le défit, en bon Ariégeois têtu je me suis dit : « tu veux deux lames sur un même ressort, et bien moi je vais en mettre trois !!! », merci Pierre et toute mon amitié Jacques.

Plusieurs motivations m’amènent à présenter le concours « Meilleur Ouvrier de France »

Réussir le concours permettrait de mettre au premier plan les qualités que j’ai plaisir à privilégier dans mon activité : l’excellence et l’innovation, chères aux connaisseurs.
Être lauréat du concours représenterait la consécration, dans un domaine professionnel international où la notion d’échelons intermédiaires n’est pas perçue.
Le titre « MOF » récompenserait les clients qui me sont fidèles.
Le titre faciliterait également l’accès au domaine de la formation pour transmettre un savoir-faire.

Trois pièces à présenter selon les critères définis dans le dossier de candidature :

  • Couteau à lame fixe
  • Couteau fermant imposé
  • Couteau fermant libre

Caractéristiques techniques générales des œuvres
Solidité, sécurité et fiabilité, sont les critères qui ont guidé la conception et l’élaboration des trois pièces, pièces destinées à des chasseurs attachés à ces qualités.
Ergonomie et esthétique améliorent ces outils.
Pour obtenir ces critères, la technique d’enlèvement de la matière à froid a été retenue lors de la réalisation des œuvres.
Cette technique nécessite une étude et une planification préalables des étapes de fabrication ainsi que la cotation précise de chaque pièce : la gamme d’usinage détermine la chronologie des différentes étapes.
Cette étude préalable permet de réaliser ces couteaux au fonctionnement souple, solides, équipés de mécanismes précis et sûrs, dans un minimum d’espace.

D’après cette méthode, chacun des blocs du manche est usiné :

  • d’un côté pour recevoir les lames et ressorts - un « dégraissage » de 0,05 mm autour des portées permet un fonctionnement plus souple, évitant ainsi tout frottement.
  • de l’autre pour recevoir les plaquettes préalablement usinées, qui viennent s’encastrer dans leur emplacement.

L’usinage des pièces est réalisé soit par fraisage soit au pantographe, deux techniques complémentaires, les émoutures sur machine à bandes abrasives, la finition manuellement.
Etape déterminante, le traitement thermique adapté à la nature de l’acier et à son usage s’effectue dans le four électrique ; chaque pièce étant au préalable enveloppée sous vide dans un feuillet en inox pour éviter toute décarburation de l’acier.
Elles sont ensuite rectifiées pour obtenir la cote définie, avec une parfaite planéité.
Les bagues bronze autour desquelles sont montées les lames dépassent de 0,02 mm de celles ci, pour permettre un sertissage ferme et un fonctionnement souple de l’ensemble.

Le choix des aciers :

  • les lames principales sont réalisées en RWL 34 pour ses qualités de coupe, sa ténacité et son in oxydabilité.
  • les lames auxiliaires sont réalisées en inox 12 C 27 pour sa qualité de coupe et souplesse.
  • les ressorts, verrous et autres accessoires sont réalisés en X 40 Cr 13 pour sa flexibilité et son in oxydabilité.
  • les carcasses sont en inox Ramax (X30 Cr Mn 17+S) acier prétraité à 110 kg, choisi pour ses qualités d’usinabilité, sa stabilité et sa tenue après usinage.
  • les axes d’articulation des lames sont tournés dans les chutes de l’acier utilisé pour la carcasse, pour les rendre imperceptibles.

I - Couteau à lame fixe

Idée :
Le dessin de la dague reflète la recherche artistique donnée à cette arme.
Le choix des matériaux, buffle pour le manche et acier RWL 34 finition poli-glace, souligne sa sobriété.
L’insertion finale de buffle sur les extrémités du manche apporte une touche de fantaisie.

Utilisation :
La lame symétrique profilée à double tranchant est pourvue de quatre gouttières pour l’écoulement du sang.
La double garde, indispensable pour une telle arme, est élégante, confortable et sécurisante.
Le manche effilé présente une proéminence centrale qui assure une meilleure prise et empêche la main de glisser au moment du retrait de la lame suite au coup d’estoc.

Spécificités Techniques :
L’émouture manuelle de la lame, l’usinage des quatre gouttières, ainsi que la garde, sont symétriques ; L’épaisseur progressive de la lame et de la semelle du manche allège le couteau sans compromettre sa solidité.
Chaque palier a été usiné avec une fraise à rayon pour éviter les fragilités et déformations lors du traitement thermique.
La finition manuelle poli-glace donne à l’acier un état de surface qui le protège de la corrosion au contact du sang.
Un soin particulier a été apporté au polissage manuel d’un ensemble composé d’une matière assez tendre, le buffle, et d’un acier trempé extrêmement dur, sur de larges surfaces planes.

II - Couteau fermant imposé

Idée :
Le couteau multi - pièces, utilitaire et sobre, allie efficacité de l’outil et élégance.
Couteau fermé, seule la grande lame et son bouton de déverrouillage dépassent du manche.
Les autres pièces, entièrement intégrées, ne présentent aucune partie en saillie, pour une prise en main confortable lors de l’utilisation principale.
Pour l’habillage de ce couteau, l’ivoire d’éléphant, matériau solide et noble, a été choisie :

  • solide, elle permet un usinage complexe et précis, en réduisant l’épaisseur des plaquettes.
  • noble, elle renforce l’harmonie de ce couteau sobre.

Utilisation :
La lame centrale, solide et utilitaire, peut servir les grands animaux ; elle est sécurisée par le mécanisme cran d’arrêt à pompe et la double garde.
Les lames à éviscérer et scie, positionnées de chaque côté de la lame principale, sont maintenues fermées par la bille sertie sur le ressort plat ; elle vient se loger dans la cavité réalisée dans la lame.
Une simple poussée en rotation sur la bascule située dans le talon des lames permet leur ouverture ; leur blocage en position ouverte est automatique.
Une pression vers l’avant sur la même bascule libère l’axe d’arrêt, déverrouillant ainsi les lames : leur fermeture est alors autorisée.
En position ouverte, ces lames ont une inclinaison de 17° pour une meilleure efficacité du geste ; le poignet trouve naturellement une position confortable.
Le tire-bouchon est logé sur le dos du couteau ; grâce à la largeur progressive des vrilles, il est plus facile de planter le tire-bouchon, et d’extraire le bouchon.
L’accessoire disposé symétriquement au tire-bouchon permet d’extraire les douilles mal éjectées de la culasse ou coincées dans le canon (le chasseur utilise généralement pour cela la lame de son couteau, au risque de l’abîmer, ainsi que la mécanique de l’arme

Spécificités techniques :
Le manche, taillé dans deux carcasses d’acier, intègre la double garde.
Deux bagues téflon sont insérées dans un logement réalisé dans les carcasses ; ces bagues affleurantes adoucissent la manœuvre de la lame centrale.
Le recul de l’axe des lames auxiliaires est étudié de façon à permettre la réalisation de la grande lame symétrique.
Fixée à l’axe, l’entretoise fait office de ressort pour le fonctionnement de la lame principale.
Elle fait également office de platine pour les deux lames latérales, permettant de réduire ainsi l’épaisseur du couteau.
Ces deux lames latérales sont équipées d’un dispositif de blocage intégré dans leur talon. Ce dispositif simple se compose d’un verrou pivotant logé dans un emplacement préalablement usiné et d’un ressort à compression qui permet son fonctionnement. Ce dispositif libère un espace pour loger le tire-bouchon, l’extracteur, ainsi que leur ressort de fonctionnement.
La lame scie possède une denture progressive qui facilite l’amorçage pour découper précisément branches ou os.
Le tire-bouchon présente des vrilles d’épaisseur progressive pour une meilleure pénétration, pour expanser le bouchon à la base et faciliter l’extraction.

III - Couteau fermant libre

Idée :
Le couteau réalisé répond aux attentes des chasseurs sur le terrain ; mon expérience de chasseur m’a en effet guidé dans l’élaboration de chacun des accessoires.
Ce couteau technique, compact, est habillé en fibre de carbone, matériau léger, stable, résistant, et insensible aux intempéries.

Utilisation :
La carcasse est fine ; l’inox Ramax lui donne le poids nécessaire à l’équilibre du couteau lorsque la grande lame est ouverte.
La grande lame, longue, puissante, à la pointe ré-haussée et pénétrante, est conçue pour servir les grands animaux et les dépouiller ; elle est également étudiée pour l’usage « couteau de camp ». Elle est sécurisée par un cran d’arrêt à pompe et par l’ergonomie du manche.
La lame latérale est complémentaire à la lame centrale ; sa courbure esthétique dans le prolongement du manche est utilitaire : elle apporte de l’aisance pour servir lors du casse croûte.
La pointe de l’arête tranchante légèrement inclinée vers l’avant est conçue de façon à présenter un unique point de contact lors d’une utilisation sur matière dure, ce qui préserve le reste du tranchant.
La lame scie présente la même forme que la précédente par souci d’esthétique mais surtout d’efficacité : sa courbure rend l’outil plus performant, sa denture progressive facilite l’entame.
De plus, l’importante dépouille convexe qui caractérise cette lame optimise son efficacité.
Ces deux lames latérales sont sécurisées par le même mécanisme centralisé et par l’ergonomie du manche.
Le crochet à éviscérer se positionne sur l’arrière du manche avec un angle très ouvert, qui le dégage de l’animal pendu par les pattes arrières, optimisant la prise en main pour ce travail.
Le crochet à vider le gibier à plumes est articulé sur le même axe : la rainure à son extrémité en fait un dégorgeoir, pour les chasseurs qui pratiquent également la pêche.

Spécificités techniques :
Cinq outils sont articulés dans le manche compact d’une épaisseur réduite à 16,5 mm.
Le manche est ergonomique, étudié pour sécuriser le couteau dans tous ses usages et permettre une prise en main confortable dans toutes ses utilisations.
La courbure du couteau et le déport de l’axe de pivot des lames latérales ont permis de réaliser la grande lame surdimensionnée ; la proéminence sur l’arrière de la cloison centrale permet de loger la pointe de la lame sans alourdir la silhouette.
La lame centrale est articulée autour d’une bague bronze maintenue entre deux platines de 1,2 mm d’épaisseur réalisées en X 20 Cr 13 trempé et « dégraissées » de 0,05 mm.
Un ressort central unique fait fonctionner les trois lames principales du couteau.
En pression d’un côté sur la pompe de la grande lame, il permet de la verrouiller ouverte et de la rappeler pour la maintenir fermée.
Il est en pression de l’autre côté sur le verrou central qui assure le maintien et le blocage des deux lames latérales.
Sur ce verrou est emmanché en force un axe de 2,5 mm trempé, qui dépasse de chaque côté et verrouille indépendamment l’une des deux lames tout en maintenant l’autre fermée. Ce système, concentré dans la cloison centrale du manche, crée de chaque côté un espace utilisé pour loger les deux accessoires dorsaux et leur ressort de fonctionnement.
La lame scie présente une denture progressive et une dépouille latérale prononcée ; deux opérations qui, réalisées sur une arête convexe, ont nécessité un soin particulier.
Après ces étapes successives, rigoureuses, le montage final par rivets sertis, apporte une conclusion en apparence simple qui souligne toute l’importance de l’étude préalable et de la précision apportée à la réalisation de chaque pièce.

 

Dossier n° 09001
Candidature groupe XIV : Métiers des Techniques de Précision
Classe I : coutellerie
Option 2 : fabriquant de couteaux de chasse